Desillusionnee avant l'âge, je degueule sur la
Desillusionnee avant l'âge, je degueule sur la facilite des sentiments.
Ce qu'on nomme l'amour n'est que l'alibi rassurant de l'union d'un
pervers et d'une pute, que le voile rose qui couvre la face effrayante
de l'ineluctable Solitude.
Je me suis caparaçonnee de cynisme, mon coeur est châtre, je suis
l'affreuse Dependance, la moquerie du Leurre universel; Eros plante une
faux dans son carquois.
L'amour c'est ce qu'on à trouver pour aliener la deprime post-coïtum,
pour justifier la fornication, pour consolider l'orgasme. C'est la
quintessence du Beau, du Vrai, qui refaçonne votre sale gueule, qui
sublime votre existence mesquine.
Eh bien moi, je refuse.
Je pratique et je prône l'hedonisme mondain, il m'epargne. Il m'epargne
les euphories grotesques du premier baiser, du premier coup de fil,
ecouter douze fois un simple message, prendre un cafe, un verre: les
souvenirs d'enfance, les amis communs, les vacances sur la Côte, puis
un dîner: les auteurs preferes, le mal de vivre, pourquoi sortir tout
les soirs, la première nuit, suivie de beaucoup d'autres, ne plus rien
avoir à se dire, baiser pour combler les blancs, ne même plus avoir
envie de baiser, se detacher, rester ensemble quand même, s'engueuler,
se reconcilier tout en sachant que c'est mort au fond, aller baiser
ailleurs et puis plus rien.
Tout ce temps, tout ces visages, tous ces cris de jouissance, ces
etreintes sans âmes au petit matin, quand la nuit n'est plus, le jour
n'est pas encore, ton orgasme prend fin, et tes yeux se dessillent, ta
chambre n'est qu'un bordel